Les stéréotypes de genre chez les enfants

Définitions et explications pour mieux les comprendre et pourquoi les contrer

Bonjour,

Je suis très fière de vous présenter le 1er article de blog d’Euriell et compagnie sur les stéréotypes de genre chez les enfants. C’est parti !

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Pourquoi cet article ?

Lorsque j’explique autour de moi que j’ai créé Euriell et compagnie pour casser les stéréotypes fille/garçon dès la petite enfance, je reçois des réactions très variées. Certaines personnes sont très enthousiastes, d’autres ne comprennent pas l’intérêt ou ne voient pas le problème. D’autres encore grimacent comme si je venais d’évoquer un sujet tabou. Beaucoup pensent qu’il s’agit d’un concept abstrait alors qu’il a des conséquences très concrètes, même dès le plus jeune âge.

Alors, avant de proposer des pistes pour casser ces stéréotypes de genre, il me semble essentiel de bien définir les termes de cette expression pour mieux les comprendre. Puis, nous verrons comment cela s’applique en particulier aux enfants. Dans de futurs articles, nous explorerons comment les reconnaître et surtout, comment les déconstruire.

Stéréotype, ça veut dire quoi exactement ?

Les définitions classiques de stéréotypes sont assez claires :

Larousse : expression ou opinion toute faite, sans originalité, cliché. ¹
Robert : opinion toute faite réduisant les particularités. ²
Wiktionnaire : représentation caricaturale. ³

Voilà. Un stéréotype n’est rien d’autre qu’une opinion, une idée qui peut sembler vraie, mais qui est souvent simplifiée et loin de la réalité. Or, une idée, même si elle est partagée par beaucoup, n’est pas un fait.

Et le genre alors ? Un concept plus complexe qu’il n’y paraît…

Le mot “genre” ne pose pas de problème lorsqu’il s’agit de parler de genres musicaux (rock, jazz, reggae…), de genres cinématographiques (policier, science-fiction…) ou même de la classification biologique très précise des animaux (l’espèce des baleines bleues fait partie du genre des balaenoptera, famille des baleines à fanons, classe de mammifères).

En revanche, pour les humains, cela se complique. Le genre humain fait référence aux rôles, attentes et identités socialement construits et culturellement définis, qui varient souvent en fonction du sexe d’une personne (femme ou homme, fille ou garçon).

Oulà, on parle de sexe ?

Oui, mais attention, si le genre a longtemps été confondu avec le sexe, des recherches scientifiques ont permis d’en faire la distinction et de montrer que le genre est en grande partie une construction culturelle ⁴ (le terme de “rôle de genre” a été introduit dans les années 1950 en sciences psycho-médicales avant d’être repris dans les années 1970 par les sciences sociales).

Simone de Beauvoir avait également posé les bases de cette réflexion dans son essai « Le Deuxième Sexe » (1949) avec sa fameuse phrase ⁵ : « On ne naît pas femme, on le devient. ». Cette phrase symbolise l’idée que le genre est une construction sociale imposée aux femmes par les normes et les attentes de la société, au-delà de leur sexe biologique (sexe assigné à la naissance par la forme des organes génitaux).

Autrement dit, la société façonne ce que l’on attend d’une personne en fonction de son sexe. C’est ainsi que femmes et hommes, filles et garçons, sont assignés à des rôles qui influencent leur comportement tout au long de leur vie.

Le genre ne se résume donc pas à la biologie, c’est une construction sociale et culturelle.

Sur le sujet du genre et du sexe, on peut trouver de superbes ressources comme le schéma illustré à retrouver tout en bas de cette page dans les ressources complémentaires, et qui montre les différences entre identité de genre, expression de genre, sexe biologique, attirance…

Parlons maintenant de stéréotypes de genre chez les enfants

L’expression “stéréotype de genre” désigne ainsi les idées préconçues sur les caractéristiques, les rôles et les comportements appropriés aux femmes (douces, émotionnelles) et aux hommes (forts, rationnels).

Chez les enfants, cela se traduit par des attentes précises, conscientes ou non :

Les garçons doivent être forts, aimer jouer avec des voitures.
Les filles doivent être douces, aimer le rose et les poupées.

De façon plus subtile, on critique plus rapidement :

Une petite fille qui se bagarre ou fait du bruit.
Un petit garçon qui montre ses émotions ou est trop sensible.

Et pourtant, posez-vous la question : n’avez-vous jamais vu une petite fille crier en jouant ? Un petit garçon pleurer parce qu’on lui refuse un tour de manège ? Bien sûr que si. Alors, quel est le problème ? Les garçons ne sauraient-ils pas pleurer ? Si, bien sûr qu’ils savent. En ont-ils le droit ? Eh bien, apparemment non. Et les filles, ne savent-elles pas s’affirmer ? Si, évidemment. Mais en ont-elles la liberté ? Pas toujours non plus.

Ces interdictions ne sont pas innées. Elles sont apprises et viennent de la société : de nous, de vous, du cercle familial, des ami.e.s, de la crèche, de l’école, du sport, des médias, de la publicité, de la culture… Bref, d’un peu partout et souvent sans s’en rendre compte. Or ce sont ces idées qui conditionnent la façon dont les enfants jouent, se comportent, aiment, envisagent leur avenir.

Que fait-on maintenant ?

La bonne nouvelle c’est que tout ce qui a été construit peut être déconstruit ! Les stéréotypes sont des idées apprises et comme toute idée, on peut les remettre en question. Ce ne sera pas facile, mais je suis convaincue qu’ensemble, nous pouvons changer les choses. Je suis d’un naturel optimiste ;-).

Dans mes prochains articles, je vous donnerai des pistes concrètes pour agir au quotidien : des ressources, des livres, des podcasts. Nous parlerons aussi de l’âge auquel les enfants commencent à comprendre ces rôles genrés et nous nous exercerons à identifier ces stéréotypes pour mieux les combattre.

À bientôt !

Euriell

Ressources complémentaires

Schéma illustré issu du site web « Je me respecte » (« I respect myself ») du Ministère de la Santé, Nunavut (2022) : différences entre identité de genre, expression de genre, sexe biologique, attirance…

Source : Ministère de la Santé, Nunavut, 2022, https://www.irespectmyself.ca/fr/respect-yourself/healthy-sexuality/gender-identity